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mardi 9 avril 2013 par Gilles Vieille Marchiset
Débats et controverses : Le surpoids permettrait de devenir plus vieux...
Quelques kilos de plus feraient vivre plus longtemps
Le Monde.fr avec AFP | 03.01.2013 à 12h41 • Mis à jour le 03.01.2013 à 13h50
Une forte obésité accroît nettement le risque de mortalité, mais les personnes en surpoids et légèrement obèses vivent, elles, plus longtemps que celles d’un poids normal, conclut une analyse de près de cent études dans le monde publiée mardi 1er janvier dans le Journal of the Medical American Association (JAMA). Cette méta-analyse avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce paradoxe, comme les effets bénéfiques des plus grandes réserves d’énergie dans l’organisme ou encore le fait que les personnes légèrement obèses prennent davantage de traitements médicaux.
UNE SYNTHÈSE DE 97 ÉTUDES
L’analyse fait la synthèse de 97 études couvrant 3 millions d’individus dans le monde. Les chercheurs ont ainsi déterminé que des sujets dont l’indice de masse corporelle (IMC, le poids divisé par la taille au carré) se situe entre 25 et 30, considérés comme étant en surpoids, avaient un risque de mourir 6 % inférieur à ceux pesant un poids normal avec un IMC compris allant de 18,5 à 25. Les personnes souffrant d’une obésité modérée, définie comme un IMC de 30 à 35, connaissent quant à elles un risque de mortalité 5 % inférieur aux personnes de poids normal. Chez les obèses dont l’IMC dépasse 35, le risque de mortalité augmente en revanche nettement, de plus 29 % comparativement aux sujets normaux. Une étude américaine présentée le 27 août au congrès de la Société européenne de cardiologie avait, elle, établi qu’une personne au poids « normal » mais avec une bedaine s’exposait davantage au diabète, aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux qu’un obèse.
RÉSERVES D’ÉNERGIE
Le Dr Katherine Flegal, des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui a dirigé cette recherche, avait déjà publié une étude très controversée en 2005 indiquant un lien entre l’excès de poids et une plus grande longévité. Cette fois son analyse porte sur un nombre nettement plus grand de données (2,88 millions de personnes et plus de 270 000 décès) dans différents pays en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud. « De petits excès de tissus adipeux pourraient fournir des réserves d’énergie lors de certaines maladies (...) et avoir d’autres effets salutaires qui doivent être étudiés à la lumière de cette dernière recherche », écrivent dans un éditorial, également publié dans le JAMA, les Dr Steven Heymsfield et William Cefalu, du Pennington Biomedical Research Center, à Baton Rouge en Louisiane. Pour le Dr Thomas Frieden, directeur des CDC, il « reste encore à apprendre de l’obésité ». Cependant, insiste-t-il dans un communiqué, « il ne fait aucun doute que le fait d’être obèse n’est pas sain car cela accroît le risque de diabète adulte, de maladies cardiaques, de cancer et de nombreux autres problèmes de santé ».
Gros et centenaire ? Pas si simple, avertissent les chercheurs
Le Monde.fr avec AFP | 05.01.2013 à 09h14
Faut-il reprendre des frites pour vivre vieux ? C’est le message subliminal d’une étude publiée cette semaine dans la presse américaine et qui laisse à penser que les bourrelets en trop sont bénéfiques, une conclusion jugée « inquiétante » au pays de l’obésité.
« C’est très inquiétant que les gens puissent interpréter cette étude d’une façon simpliste en se disant ’C’est bien d’avoir des kilos en trop’, c’est le mauvais message », a déclaré à l’AFP le cardiologue Francisco Lopez-Jimenez, après la parution de cette étude, très commentée, dans le Journal of the Medical American Association.
Selon cette analyse publiée mardi 1er janvier et qui s’appuie sur une centaine d’études dans le monde, des personnes en surpoids et légèrement obèses vivent plus longtemps - de 5 % à 6 % de temps dans une tranche donnée - que celles d’un poids normal. En revanche, une forte obésité accroît nettement le risque de mortalité, modèrent les chercheurs.
« Il y a des centaines d’études qui montrent qu’être en surpoids ou un peu obèse provoque un fort risque de diabète, de maladies cardiaques, de cholesterol et d’hypertension et que perdre ces quelques kilos en trop améliorent les choses », affirme le responsable de cardiologie à la Mayo Clinic (Minnesota). Or aux Etats-Unis, un adulte sur trois et près d’un enfant sur cinq est obèse, alors que deux tiers des adultes et un tiers des enfants sont en surpoids, avec leur corollaire de maladies et d’infirmités.
Même s’il a tendance à se stabiliser, le taux d’enfants obèses, aujourd’hui à 17 %, a triplé en 30 ans. L’hypertension artérielle touche un tiers des Américains de plus de 20 ans, et plus de la moitié de ceux de 55 ans et plus. Les coûts de santé liés à l’obésité s’établissaient à 190 milliards de dollars par an entre 2000 et 2005, 147 milliards pour l’année 2009.
L’obésité est à tel point un enjeu majeur de santé publique que même la première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, n’hésite pas depuis quatre ans à faire des pompes à la télévision ou croquer des navets devant les photographes pour inciter ses compatriotes à une vie et une nourriture plus saine.
QUALITÉ DE L’ÉTUDE
Nombre de médias ont appelé à la rescousse les scientifiques qui se sont plutôt concentrés sur l’intérêt scientifique de l’étude elle-même. Pour Walter Willett, professeur de nutrition à la Harvard School of Public Health, l’étude « ne dit que des âneries ». Le problème, c’est que le groupe des personnes de poids normal « mélange les gens minces et actifs, les gros fumeurs, les cancéreux, des personnes âgées ayant perdu du poids en raison de problèmes médicaux », affirme le spécialiste interrogé vendredi par USA Today. « Comparer les groupes en surpoids et obèses à ce groupe hétérogène amène à de fausses conclusions », dit-il.
D’autres relevaient qu’elle mélange poids de la graisse et celui du muscle, que l’indice de masse corporelle n’est pas scientiquement pertinent ou que les auteurs parlent de mortalité et non de morbidité, ce qui signifie que nous pouvons vivre plus longtemps mais plus malades.
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