Accueil » Documentations » Communications & publications » RIFREQ 2015 : précautions empiriques et risque interprétatif
mardi 7 juillet 2015 par Monica Aceti
Communication sur nos procédures méthodologiques et collaboratives lors du colloque du Réseau International Francophone de Recherche Qualitative (Rifreq 2015)
Dans le cadre du 5e colloque du RIFReQ, qui s’est déroulé à Montpellier du 17-19 juin 2015, Monica Aceti a présenté la communication suivante :
Précautions empiriques et consensus méthodologiques dans la comparaison européenne : une enquête qualitative sur la santé et les activités physiques dans des quartiers pauvres
Monica Aceti, Sandrine Knobé, Elke Grimminger, Gilles Vieille Marchiset (voir power point de la présentation ci-joint)
Un groupe d’animation a suivi les différentes interventions. Un article de Célia Paris sur le blog medium.com est accessible en ligne ici
Présentation 3
Précautions empiriques et consensus théoriques dans la comparaison européenne : une enquête qualitative sur la santé et les activités physiques dans des quartiers pauvres
Monica Aceti, Université de Fribourg, Suisse
La chercheuse en sociologie de la santé et son équipe de recherche internationale (Naples, Strasbourg, Fribourg, Hambourg, etc.) se sont lancées le défi de mener une enquête qualitative sur la santé et les activités physiques dans des quartiers pauvres de différents pays. L’objectif est de montrer que les représentations du sport ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre et en comprendre les causes.
Une enquête qualitative à plusieurs.
« Les données allemandes sont collectées par la responsable du terrain allemand. Certes j’y accède comme une pratique de données secondaires mais de façon assez fine car elle va pouvoir me les expliquer. »
Elle aborde donc tout naturellement la notion Sensitivity (Strauss & Corbin), qui consiste à marcher dans les chaussures d’un autre chercheur.
Méthodologie : risques et compromis
Pour recueillir leur matériau, l’équipe réalise des entretiens collectifs (Duchesne et Haegel, 2008 [2004]) d’enfants scolarisés et des entretiens semi-directifs avec guide d’entretien des parents. Quant à l’explication du terrain, les entretiens avec les enfants sont codifiés alors que l’analyse des entretiens avec les parents est réalisée à partir de récits. Une des participante au débat, faisant elle aussi partie d’une équipe de recherche, explique construire chaque entretien à partir d’une analyse narrative de 4 ou 5 pages au sein d’une interprétation d’entretien d’une petite dizaine de pages environ.
« Je trouve que ce sont les moments collectifs qui nous permettent de mieux se comprendre et de faire une négociation commune. En interprétant les entretiens des autres, seule, il m’est arrivé de penser que c’est moi qui ait raison et pas eux. »
Monica Aceti préfère quant à elle ne pas vérifier les données des autres chercheurs de son équipe : « Ce n’est pas agréable. Par contre, il nous arrive de nous interroger quand on se rend compte que les codifications réalisées sont plus nombreuses dans un pays plutôt que dans un autre sur un même phénomène, alors que le nombre d’entretiens est le même (par exemple l’hygiène en France et en Italie). C’est là que nous nous assurons que nos façons de codifier sont les mêmes ou si au contraire certains codent plus long, plus vite, etc. Cela déjà peut expliquer les différends. »
Tout au long des étapes de la recherche, il y a des risques interprétatifs, méthodologiques ou encore des risques d’incompréhension considérables en terme de terminologie (ex. la notion de “catégorie”, d’où le dictionnaire des méthodes qualitatives proposé par P. Paillé et A. Mucchielli). Faut-il pour autant suivre une méthodologie rigoureuse ?
« J’ai dû laisser de côté les catégories de la grounded theory pour travailler avec la collègue qui travaillait sur des catégories plus grandes, qui étaient finalement des rubriques, des thématiques. C’est une recherche d’équipe. »
Monica Aceti a réalisé un tableau résumant les éléments de diffraction des terrains et des acteurs de la recherche :
Exemple concret
Photo : M. Aceti, quartier de Ponticelli
« Nous enquêtions auprès d’enfants en Italie. La toxicité d’un quartier de Naples, invisible, nous a épuisés physiquement alors que tout se passait très bien. L’environnement était délétère, c’était invisible mais perceptible. J’ai compris que l’invisibilité de certaines données nous affectait malgré nous. »
Crédit photo : Mauro Pagnano, “The land of poison and fire”. site
Le contexte de l’enquête (camorra, déchets toxiques, écomafia, taux de leucémies et de cancers élevés) a ici beaucoup joué sur la recherche menée par Monica Aceti et ses collaborateurs.
Mercredi 17 juin, Université Paul-Valéry Montpellier Rédactrice : Célia Paris celia.paris@univ-montp3.fr RIFREQ2015
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